Récupérer les Droits Reproductifs : Perspectives Diverses sur l’Avortement à “Génération Choix” – Une Action Jeunesse pour le Droit à un Avortement Securisé !
27th February 2025
En juillet 2024, des défenseur·e·s des droits à l’avortement du monde entier se sont réuni·e·s lors du Dialogue Global pour un Avortement Securisé, une initiative en ligne d’une semaine organisé par Amplify Change. Cet événement a rassemblé un groupe diversifié de militant·e·s mondiaux, régionaux et locaux des droits à l’avortement, qui ont organisé et animé les sessions. Dans ce cadre, SheDecides et Rutgers ont co-organisé une session intitulée "Génération Choix". Cette session en ligne a réuni des jeunes militant·e·s passionné·e·s du monde entier pour exiger un accès global à un avortement sécurisé. En mettant en lumière les barrières intersectionnelles empêchant l’accès à des soins d’avortement sûrs, cet événement puissant a démontré l’incroyable potentiel du plaidoyer mené par des jeunes.
Le droit à l’autonomie corporelle et à l’équité en santé
Au cœur de "Génération Choix" résidait une vérité claire et non négociable : contrôler son propre corps n’est pas seulement un droit, mais un principe fondamental et inhérent à l’égalité des genres. La lutte pour un avortement sécurisé est indissociable de celle pour l’autonomie corporelle et l’équité en santé. Sans ce contrôle, comment parler d’égalité véritable ? Lorsque nous avons le pouvoir de décider pour notre propre corps, nous pouvons construire notre vie selon nos propres termes. Cette vérité, qui résonne dans la mission de SheDecides, appelle à reconnaître l’avortement sécurisé comme un droit universel à la santé. Ce droit est souvent refusé aux jeunes et aux communautés historiquement marginalisées, en particulier dans les pays du Sud Global.

La crise sanitaire mondiale des avortements non sécurisés
L’avortement non sécurisé est une crise sanitaire mondiale, causant des dommages et des pertes de vies chaque année. Des millions de personnes, en particulier des jeunes femmes, doivent recourir à des méthodes dangereuses et non sécurisées faute d’accès à des soins d’avortement sûrs et légaux. Sushma Shrestha, du Beyond Beijing Committee au Népal, a partagé une histoire déchirante (TW : Avertissement de Contenu) au sujet d’une femme d’une communauté rurale qui a tenté de mettre fin à sa grossesse en insérant des herbes locales dans son utérus. Elle est décédée plus tard des suites d’une hémorragie et d’une infection grave. « Le Népal a légalisé l’avortement sécurisé il y a plus de 20 ans, mais les femmes n’ont toujours pas accès aux services », a-t-elle souligné, mettant en évidence l’écart entre la loi et la réalité. Ce rappel montre que les cadres juridiques sont inutiles s’ils ne sont pas accompagnés d’un accès réel aux services.
Les défis intersectionnels pour l’accès à l’avortement
Les obstacles à l’accès à un avortement sécurisé sont profondément intersectionnels. Ils reflètent les interactions entre genre, statut économique, culture et race qui empêchent certains groupes d’accéder à des soins essentiels. Hayathe Ayeva, du Mouvement d’Action des Jeunes (MAJ) au Togo, a mis en avant les dangers auxquels les jeunes femmes font face lorsque l’avortement est stigmatisé. « Quand l’avortement est inaccessible, les jeunes filles recourent à des méthodes dangereuses, insérant des objets dans leur corps faute d’informations correctes », a-t-elle déclaré. Ses paroles soulignent l’importance de l’Éducation Complète à la Sexualité (ECS)—en particulier dans les espaces conservateurs où la sexualité est taboue. L’ECS doit être inclusive, précise, accessible et adaptée à l’âge. Leila Abdulkeir Isaak, de Youth Voices and Action Initiative (YVAI) au Kenya, a également dénoncé la stigmatisation qui marginalise les femmes cherchant des soins d’avortement : « En Afrique de l’Est, parler d’avortement et de santé sexuelle est tabou », a-t-elle souligné. « Les professionnel·le·s de santé m’inspirent car ils sont le soutien dont ces femmes ont besoin. »
Construire des mouvements collectifs pour le changement
Pour les jeunes activistes, “Génération Choix” et la lutte pour le droit à l’avortement font partie d’un mouvement intersectionnel plus large. Comme l’a affirmé Tamara Abracinskas du Youth Network for Abortion Rights in Latin America and the Caribbean (YANAA) : « Nous nous battons tou·te·s pour la même cause : un avortement légal et sécurisé pour tout le monde. Nous ne pouvons pas nous arrêter—nous devons continuer d’avancer, peu importe les obstacles. » Ses mots sont un puissant appel à l’action, illustrant la détermination des jeunes du monde entier à démanteler les barrières entravant la justice reproductive. Nicaise Cyrille Tchichou, du MAJ au Bénin, a souligné l’importance de la solidarité au-delà des identités de genre : « Vous vous demandez peut-être pourquoi un jeune homme comme moi défend les droits en matière de santé sexuelle et reproductive, y compris l’avortement. C’est simple : tout le monde—homme, femme ou toute personne avec un utérus—mérite un accès aux soins de santé. » Son message nous rappelle que la lutte pour les droits reproductifs est une lutte collective pour les droits humains—pour l’autonomie, la santé et la dignité de chacun·e, indépendamment du genre. Et que nous avons tou·te·s la responsabilité de faire entendre nos voix pour défendre ces droits.
Les défis multiformes pour accéder à un avortement sécurisé
Les obstacles à l’avortement sont multiples et complexes. Yahan Xu, une militante jeunesse de la Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine (IFMSA), a souligné : « L’avortement reste restrictif dans de nombreux pays, et même là où il est légal, les prestataires de soins de santé risquent souvent d’être arrêtés ou de subir des représailles. De nombreux hôpitaux ne sont pas équipés pour fournir des soins d’avortement, et il n’existe souvent aucun système de référence établi. Sans ces systèmes en place, l’accès à un avortement sécurisé devient encore plus difficile. » Ces défis logistiques et juridiques créent plusieurs barrières empêchant les personnes d’accéder aux soins dont elles ont besoin. De plus, la stigmatisation entourant l’avortement isole davantage celles et ceux qui cherchent à y accéder, les laissant vulnérables et seules dans leur combat. Le manque de connaissances sur les options sûres, la rareté des prestataires formés et la menace constante de conséquences juridiques ne sont que quelques-uns des obstacles à surmonter.
Amplifier le plaidoyer des jeunes
Pour surmonter ces barrières, le plaidoyer mené par les jeunes est essentiel. Les jeunes, en particulier ceux issus de communautés marginalisées, déconstruisent la stigmatisation et remettent en question les systèmes oppressifs. Les paroles de Sushma résonnent profondément : « L’avortement n’est pas un privilège, c’est un droit. » Le plaidoyer des jeunes vise à les autonomiser pour qu’ils puissent défendre leurs droits et impulser le changement depuis la base. L’éducation joue ici un rôle clé, car elle permet aux individus d’acquérir les connaissances nécessaires pour déconstruire la stigmatisation, plaider en faveur de leurs droits et de leurs communautés, et exiger des réformes politiques garantissant un accès sûr et équitable aux soins de santé reproductive. Les mouvements dirigés par des jeunes à travers le monde montrent que la lutte pour un avortement sécurisé ne se limite pas aux droits légaux, mais qu’elle est aussi une question de réappropriation du pouvoir sur son propre corps et son avenir.

Plaidoyer pour la responsabilité gouvernementale et le changement communautaire
À la fin de la session en ligne Generation Choice, les intervenant·e·s ont souligné l’urgence d’exiger une responsabilité gouvernementale et un plaidoyer renforcé à l’échelle communautaire. Tamara a appelé à la « détermination, à la rigueur et à l’unité » dans la lutte pour la justice reproductive, rappelant que les jeunes doivent être au cœur des processus décisionnels concernant leurs corps et leur avenir. Ses mots témoignent du pouvoir des jeunes à mener ce mouvement et de la nécessité de leurs voix pour obtenir des changements politiques significatifs : « Le mouvement pour les droits à l’avortement, comme le féminisme, est intergénérationnel. Il se nourrit d’expériences et de voix diverses, et les jeunes », a déclaré Tamara. Ce sont en particulier les jeunes femmes et les filles qui doivent être au premier plan des discussions, remettre en question le statu quo et faire reconnaître les droits reproductifs comme des droits humains, et non comme des privilèges.
Points clés à retenir
Les droits reproductifs sont des droits humains fondamentaux, et l’accès à un avortement sécurisé est essentiel pour atteindre l’égalité des genres. Refuser à quiconque le droit de contrôler son propre corps constitue une atteinte directe à sa liberté et à sa dignité. Les jeunes activistes qui mènent ce combat incarnent la force de “Génération Choix”—un mouvement dédié à garantir que chacun·e, quel que soit son genre, son lieu de vie ou son origine, puisse décider de son corps, de sa vie et de son avenir. Leurs voix ne sont pas seulement des appels au changement ; elles sont des catalyseurs de justice, remettant en cause les systèmes d’oppression et inspirant une lutte collective pour la liberté et l’autonomie. En plaçant l’engagement des jeunes au cœur de cette lutte, nous donnons les moyens à une génération de bâtir un monde où chacun·e peut vivre selon ses propres termes.
Rejoignons-les dans cette lutte.